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Vosges Matin| La Bresse : l’art sacré discuté en marge de l’exposition de René Vincent-Viry

By on Fév 26, 2016 in Est Républicain |

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La Bresse |26/02/2016

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Artiste gabonais, Chyc Polhit Mamfoumbi a démontré au public que les symboles n’ont pas tous la même valeur selon les cultures.

Le thème du sacré a été développé lors d’une table ronde organisée en marge de l’exposition de René Vincent-Viry. Les critères objectifs qui permettent de déclarer « sacrée » une œuvre d’art ont été discutés.
À défaut de trouver un consensus sur les critères objectifs qui permettent de déclarer « sacrée » une œuvre d’art, les invités de la table ronde organisée en marge de l’exposition de René Vincent-Viry ont fait vivre à leur auditoire, venu très nombreux, une « sacrée soirée ».

« Est sacré dans la Bible, a rappelé Vianney Ledieu, théologien, ce qui est séparé du quotidien des hommes. »

À partir de quel moment une œuvre que les hommes ont pu percevoir comme proche et familière s’est-elle donc éloignée d’eux au point d’être sacralisée ? Un simple éboulement obstruant pour des milliers d’années l’entrée d’une grotte, refuge des premiers hommes, suffit-il à en faire un sanctuaire, ou est-ce la rareté des œuvres qu’il contient ?

Comment de forums bruyants, à l’instar des synagogues d’aujourd’hui, voire de lieux de commerce, les églises du Moyen-Âge ont-elles évolué vers ces édifices où l’on ne peut plus entrer qu’en chuchotant ? Et que dire de la solennité dont nous entourons l’usage de l’orgue en France, alors qu’on en joue communément dans les stades de hockey en Amérique ?
Le sacré s’invite dans les expressions artistiques

Pour Claude Fatrauer, chargé de patrimoine au diocèse de Saint-Dié, « la culture, la mémoire, le temps rendent un lieu, un objet, sacrés. Peu à peu, l’image est dépassée par ce qu’elle dit. » Analyse appuyée par celle de Chyc Polhit Mamfoumbi, conteur africain, spécialiste des relations entre les spiritualités animistes et judéo-chrétiennes : lui a cessé de s’interroger sur la mise en scène dont les musées européens entourent les masques traditionnels africains – par ailleurs jetés et remplacés sans autre cérémonie lorsqu’ils étaient trop abîmés dans leur pays d’origine – quand il a compris que cette distance organisée n’était pas un signe de snobisme, mais de respect.

« Rien et tout est sacré, renchérit Annie Tremsal-Garillon, artiste peintre et plasticienne : c’est l’homme qui sacralise. »

De fait, toutes les cultures empruntent les symboles premiers et universels pour les intégrer dans leur art mais chacune les utilise différemment. Loin de se cantonner au seul religieux, le sacré s’invite dans toutes les expressions artistiques où l’homme a mis une part de lui-même, désormais partagée par d’autres, ainsi qu’a pu le constater René Vincent-Viry en échangeant avec des visiteurs de son exposition.

« Le sacrum, a fort joliment résumé un membre du public, dérivé du mot ”sacré”, est ce qui permet à l’homme de se mettre debout. Il soutient la colonne vertébrale, qui monte du plus intime de la personne vers le haut, vers son esprit. »

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