Le conteur Chyc Polhit sera en spectacle au Trait d’Union de Neufchâteau samedi, dans le cadre du printemps des poètes. Histoire de chatouiller les mots en musique et de mettre en avant la beauté de la langue française.
Le conteur Chyc Polhit mêlera conte et poésie pour rendre hommage à la langue française et apporter une note positive et pleine d’humour sur la vie. Photo DR Photo HD
En quoi va consister ce spectacle qui coïncide avec le Printemps des poètes ?
« Je vais essayer de mêler ma faconde de conteur africain prosateur avec les mots, au son d’un accordéon et d’un basson avec mes deux musiciens. C’est un prétexte à chatouiller les mots pour aller au-delà du conte et mettre en avant la beauté de la langue française. »
Vous venez du Gabon, quelle place a la langue française dans votre culture ?
« Elle parcourt toute la culture. Elle est le ciment des langues africaines qui sont tonales et n’ont pas un champ lexical trop large. La langue française apporte une vraie musicalité, avec ses figures de style. Dans mon dialecte, il n’y pas de superlatif. Lorsque l’on s’exprime en français, on garde une gymnastique poétique. La francophonie ne vient pas tuer la langue. Au contraire, elle l’habille de son euphonie. »
Et le conte dans tout ça ?
« Le conte est la matrice qui sublime tout. Il possède un vrai propos qui dure. Il a du sens et il nous transforme de manière naturelle. Il joue un rôle cathartique à l’insu de notre plein gré (rires). »
Vous dites que le conte peut changer le monde, vraiment ?
« Oui, le conte nous embarque le temps d’une histoire. J’espère que les paroles vont germer positivement dans le cœur de mes semblables… Même si c’est de manière homéopathique. Il véhicule un message positif. En Afrique, il circule naturellement en l’absence de livres. C’est notre oraliture. En arrivant en France, j’ai compris que la poésie était passée de mode. Alors que les gens ont une appétence pour le conte. J’ai donc utilisé ce qu’il y avait de naturel en moi. Avec de la musique en évitant l’écueil du folklore ou de l’exotisme. «
Quel est votre poète préféré ?
« Léopold Sédar Senghor est mon favori. Je vais d’ailleurs déclamer quelques vers de cet écrivain chantre de la négritude avec Aimé Césaire. Notamment ‘’Femme noire’’, ode magnifique à la femme sur laquelle le temps inscrit ses sillons universels, face au jeunisme. »
Les Vosges et vous, c’est un conte de fée ?
« Oui, c’est la première terre que j’ai foulée en arrivant du Gabon. À l’école, enfant, mes instits me racontaient des histoires de chat botté… Donc j’y suis très attaché. Ça ressemble un peu à chez moi. C’est boisé et j’y ai reçu un formidable accueil. Même si au début je ne comprenais pas l’accent (rires). »
Samedi 11 mars, à 20 h 30, au Trait d’Union de Neufchâteau. Tarifs : de 4 à 8 €. Renseignements : 03 29 94 08 77 ou 03 29 94 99 50.